Les Mongols échouent à conquérir Sapangu [Japon]
Marco Polo (1254-1324), Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles
Récit de 1299, copié à Paris vers 1410-1412.
Enluminure par Maître d’Egerton. Manuscrit sur parchemin, 299 feuillets, 42 x 29,8 cm
BnF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 72
© Bibliothèque nationale de France
Les Mongols tentèrent par deux fois d’envahir le Japon, en 1274 et en 1281. Lors des deux tentatives, le corps expéditionnaire partit de Corée pour atteindre l’île de Kyushu au sud du Japon. La première échoua face à la résistance farouche des Japonais. La seconde, avec des moyens beaucoup plus importants, fut mise en échec par le typhon Kamikaze (Vent divin en japonais) qui détruisit la flotte mongole.

Il commence par parler de l'île de Sapangu [Japon]
Sapangu est une île très vaste, en haute mer, du côté du Levant, à cinq cents milles de la terre ferme. Les gens y sont blancs de peau et de belles manières. Ils sont idolâtres. On raconte qu'ils ramassent dans leurs îles de l'or à l'infini. C'est si loin de la terre ferme que peu de marchands y vont. C'est la raison pour laquelle l'or y abonde outre mesure.
Parlons maintenant de cette grande merveille qu'est le palais du seigneur de Sapangu. Le toit de ce vaste palais est entièrement recouvert d'or fin, comme nos églises le sont de plomb. Cela est d'une inestimable valeur. Le sol, les murs des chambres et les fenêtres sont taillés dans des pierres d'or de deux doigts d'épaisseur au minimum. La richesse de ce palais est proprement inimaginable. Ils élèvent quantité de poules rouges qui sont délicieuses. Ils récoltent également nombre de pierres précieuses.
La description de telles richesses convainquit Kubilaï Khan d'en entreprendre la conquête. Il y envoya deux de ses barons avec une multitude de bateaux, une foule de cavaliers et de soldats. (…)

Comment les hommes du Grand Khan rescapés sur l'île prirent la cité de leurs ennemis
Les trente mille hommes du Grand Khan dont je vous ai dit qu'ils avaient échoué sur l'île se tenaient pour morts, car ils ne voyaient aucun moyen de s'en échapper. En apprenant que des rescapés se trouvaient sur la petite île et que le reste de l'armée avait changé de cap et fui, le roi de la grande île fut empli de joie. Il rassembla tous ses bateaux qui firent route sur la petite île où ils débarquèrent. Les Tartars les virent arriver et descendre à terre, sans laisser aucune garde sur leurs bateaux, en hommes peu habitués à la guerre. Eux au contraire, en hommes avisés, firent semblant de se soulever, et fuyant atteignirent les bateaux de leurs ennemis, où ils montèrent rapidement et facilement, car ils n'y trouvèrent aucune défense.
Une fois embarqués, ils partirent aussitôt, firent route sur la grande île, y débarquèrent armés des gonfanons et des enseignes du seigneur de ladite île. Les habitants de la cité, voyant leurs bannières revenir, sans se méfier de rien, croyaient que c'étaient les leurs, et les laissèrent débarquer. À peine arrivés, les Tartars s'emparèrent des forteresses, chassèrent tout le monde sauf les jolies femmes qu'ils gardèrent avec eux. Et c'est ainsi que les hommes du Grand Khan s'emparèrent de la cité.
 
 

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