Portrait de Garibaldi
Gustave Le Gray, juillet 1860

Tirage sur papier albuminé d'après un négatif sur verre au collodion
256 x 198 mm, ovale
Signature manuscrite "Gustave Le Gray" en bas à droite dans le négatif
Timbre humide bleu en bas à droite sur le montage
Timbre sec "Colliau et Costet / Montmartre / 89 rue Marcadet"
Épreuve tirée par Colliau (élève de Le Gray) et Costet. Toutes les épreuves de cette série portent sur le montage la même légende imprimée, où seuls le titre et la date varient : "G. Le Gray édité par Colliau et Costet photographes / [titre] / d'après nature / Palerme / [date] / dépôt à Paris chez Juhan, 11 rue Poissonnière." L'ouverture d'une imprimerie photographique par Colliau dans un "vaste local à Montmartre" est signalée par Ernest Lacan dans La Lumière, 9 juillet 1859, p. 108.

Dépôt légal 20 septembre 1860
© Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes et de la photographie

"Garibaldi est un homme de cinquante-deux ans, d'une taille au-dessus de la moyenne. Son front est large, son visage coloré, son œil superbe. Il porte des cheveux d'un blond fauve et qui commencent à grisonner légèrement, tombant jusqu'à la moitié de son cou ; sa barbe rousse, qu'il laisse croître dans toute son abondance, encadre une bouche sereine et souriante. On sent courir la sève généreuse dans toute cette vigoureuse organisation."
Alexandre Dumas, dans Le Monte Cristo, 19 janvier 1860, n° 40.

Lorsque Dumas apporta au général l'épreuve qui lui était destinée, celui-ci pria son historiographe d'écrire au bas un mot en souvenir de leur amitié. L'écrivain s'exécuta :
"Mon cher général,
Évitez les poignards napolitains, devenez chef d'une république, mourez pauvre comme vous avez vécu, et vous serez plus grand que ne l'ont été Washington et Cincinnatus.
Alex. Dumas.
Palerme, 20 juin 1860."

Enfin, à en croire Dumas, ce portrait aurait pu devenir, à proprement parler, une icône patriotique : le 20 juillet, faisant route vers Marseille à bord du Pausilippe en vue d'y acquérir fusils et carabines pour les garibaldiens, il tire de son carton, devant un agent de la police napolitaine, sa "très belle photographie du général" :
"Les larmes en vinrent aux yeux de mon interlocuteur. Il joignit les mains avec un mouvement d'adoration : je crus qu'il allait tomber en extase.
- Oh ! monsieur, s'écria-t-il, nous qui n'avons que d'exécrables portraits du général, et qui se vendent hors de prix encore !
- Alors répondis-je, j'ai grande envie de faire graver celle-là, et d'en faire un don patriotique à la ville de Naples.
- Pourquoi les donner, monsieur, quand vous êtes sûr de les vendre le prix que vous voudrez."