Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

L’Île des Singes

Pantomime nautique créée pour le Nouveau Cirque
Affiche de Jules Chéret (1836-1932)
Imprimerie Chaix, ateliers Chéret (Paris), 1888.
Lithographie en couleur, 57 x 42 cm
BnF, département des Estampes et de la photographie, ENT DN-1 (CHERET, JULES/13)-FT 6
© Bibliothèque nationale de France
Le Nouveau Cirque de la rue Saint-Honoré, ouvert début 1886, s’efforce de divertir son public, la société aristocratique et grande bourgeoise de Paris, en flattant son sentiment, renforcé par la vogue de l’exotisme, d’appartenir à une élite qui détient tous les pouvoirs. Léopold Loyal, directeur de la saison 1888-89, fait appel à Henri Agoust, inventif metteur en scène des spectacles explosifs des Hanlon-Lees, pour écrire et monter une pantomime comique qui devra se terminer invariablement dans l’eau de la piste nautique.
S’inspirant des chants et des danses des esclaves cubains évoqués par Rafael, alias Chocolat, lui-même acheté par un Européen à l’âge de dix ans, c’est aux Caraïbes qu’il plante le décor d’une farce stigmatisant la sauvagerie facétieuse et malveillante d’une troupe de singes, interprétés par des danseurs africains. Foottit, dans la peau d’un propriétaire blanc, bien sûr, disperse avec force éclats de voix et coups de fouet les guenons qui malmènent Chocolat, transformé en cuisinier raté.
À l’instar de nombre de productions et autres entrées comiques, L’Ile des Singes reflète un aspect désespérant de la société, mais en l’occurrence, avec très peu de distanciation. MM