La position de Berlioz a toujours été ambiguë
face à la critique.
Lui-même a tenu, durant près de trente ans au Journal des Débats,
un feuilleton musical craint et respecté, alors que ses propres œuvres
connaissaient de grandes difficultés à être jouées
et n'étaient pas reconnues à leur juste valeur. Le public parisien
restait fidèle à ses chroniques mais désertait ses opéras,
trop habitué à être diverti par le bel canto et l'opérette.
Longtemps, le grand compositeur français fut considéré
comme un compositeur certes innovant, voire révolutionnaire, mais tellement
"bruyant". Cette image est la plus répandue dans les caricatures.
Reste que leur nombre témoigne malgré tout de l'importance accordée
au musicien. Elles devaient certainement agacer Berlioz autant que l'amuser,
comme le laisse entendre cet échange rapporté dans les Mémoires :
"Le prince de Metternich me dit un jour à Vienne :
– C'est vous, Monsieur, qui composez de la musique pour cinq cents musiciens ?
Ce à quoi je répondis :
– Pas toujours, Monseigneur, j'en fais quelquefois pour quatre cent cinquante."