À rebours est un livre charnière dans l'œuvre de Huysmans et un livre dont l'étrangeté a surpris tout le monde. On comprend qu'il ait déconcerté ses amis naturalistes et Zola en particulier, auprès duquel Huysmans se défendit mollement du reproche de trahison. Désormais, celui-ci est sur la pente qui le conduira à l'occultisme, au mysticisme et finalement aux certitudes de la religion.
Cet ouvrage, construit de façon originale, au point qu'on a pu voir en lui un précurseur du « nouveau roman », est un livre fourre-tout. Il nous présente un inventaire des extravagances qu'on peut prêter à un névrosé fin-de-siècle, conscient de la décadence de son époque mais en savourant les aspects délicieux. Des Esseintes se retire du monde à l'intérieur d'un logis dont il fait « une thébaïde raffinée ». Et bien que l'expérience finisse mal et que la maladie l'emporte, il n'en a pas moins su jouir auparavant de tous les avantages apportés par une maison ingénieusement aménagée, par la création d'alcools et de parfums des plus subtils, par la possession d'une bibliothèque singulièrement composée et par la contemplation d'œuvres d'art exceptionnelles. De ces expériences, quelques-unes deviendront à la mode grâce au livre, et certains des écrivains et des artistes aimés par Des Esseintes-Huysmans lui devront une partie de leur notoriété.