Les Malheurs de Sophie
Sophie de Ségur (1799-1874), auteur ; Horace Castelli (1825-1889), graveur, Paris, Hachette, 1859.
BnF, département de Littérature et Art, Y2 68117
© Bibliothèque nationale de France
La comtesse de Ségur a entretenu un rapport complexe à l'illustration de ses œuvres, dont témoigne sa correspondance avec Émile Templier, gendre de Louis Hachette et responsable de la « Bibliothèque rose illustrée ». Or une importante part du succès de cette collection est due aux nombreuses illustrations, ainsi celles de Doré pour les Nouveaux contes de fées.
Pour ses romans, la comtesse se montra globalement insatisfaite, et entretint une certaine amertume de n'avoir de contrôle ni sur le choix des scènes ni sur celui de l'illustrateur.
Elle trouva Bertall insignifiant puis médiocre, Bayard inintelligent et l'accusa de ne pas avoir lu le livre. Seul Castelli trouva grâce, pour Les Malheurs de Sophie et Un bon petit diable, mais il la déçut pour Pauvre Blaise, pourtant spectaculaire, et Gribouille.
Horace Castelli (1825-1889) a illustré toutes sortes d'œuvres pour enfants et même des affiches, dont un Perrault, un Boussenard, un Jacolliot, Trim, Fleuriot, chez de nombreux éditeurs, et huit livres de la comtesse. Il se concentre sur les personnages et esquisse les décors, se limitant aux éléments significatifs ; c'est dans les expressions des sentiments et dans le mouvement qu'il est le plus remarquable comme ici où Sophie, Paul et la bonne pourchassent l'écureuil dans la chambre. Rétif à la domestication, le pauvre animal s'échappe. Castelli dispose les personnages sur deux diagonales, le chat, la chaise et le rideau s'opposant à la triple plongée de la bonne énervée, de Paul désemparé et de Sophie l'air méchant, sur la petite bête. Cette décomposition du mouvement donne un fort dynamisme, pendant que les personnages sont fortement caractérisés psychologiquement.(O. P.)
 
 

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