Un Bon Petit Diable
Un Bon Petit Diable
Sophie de Ségur (1799-1874), auteur ; Eugène Forest, (1808-1891), illustrateur, Paris, Éditions des Enfants de France, 1938.
Couverture illustrée
BnF, département des Estampes et de la Photographie, 4-KA-170
© Bibliothèque nationale de France
Le bon petit diable c’est Charles, orphelin, habitant chez la vieille madame Mac’Miche, une vraie mégère qui l’élève sévèrement, comme souvent dans les romans de la comtesse de Ségur. À force de lui jouer des tours, Charles est envoyé en pension chez les frères Old Nick. Seule sa douce cousine Juliette, qui est aveugle, parvient à tempérer sa méchanceté enfantine.

« Dans une petite ville d'Écosse, dans la petite rue des Combats, vivait une veuve d'une cinquantaine d'années, Mme Mac'Miche. Elle avait l'air dur et repoussant. Elle ne voyait personne, de peur de se trouver entraînée dans quelque dépense, car elle était d'une avarice extrême. Sa maison était vieille, sale et triste; elle tricotait un jour dans une chambre du premier étage, simplement, presque misérablement meublée. Elle jetait de temps en temps un coup d'œil à la fenêtre et paraissait attendre quelqu'un; après avoir donné divers signes d'impatience, elle s'écria : « Ce misérable enfant ! Toujours en retard ! Détestable sujet ! Il finira par la prison et la corde, si je ne parviens à le corriger ! »
À peine avait-elle achevé ces mots, que la porte vitrée qui faisait face à la croisée s'ouvrit ; un jeune garçon de douze ans entra et s'arrêta devant le regard courroucé de la femme. Il y avait, dans la physionomie et dans toute l'attitude de l'enfant, un mélange prononcé de crainte et de décision.
MADAME MAC'MICHE. D'où viens-tu ? Pourquoi rentres-tu si tard, paresseux ?
CHARLES. Ma cousine, j'ai été retenu un quart d'heure par Juliette qui m'a demandé de la ramener chez elle, parce qu'elle s'ennuyait chez M. le juge de paix.
MADAME MAC'MICHE. Quel besoin avais-tu de la ramener ? Quelqu'un de chez le juge de paix ne pouvait-il s'en charger ? Tu fais toujours l'aimable, l'officieux ; tu sais pourtant que j'ai besoin de toi. Mais tu t'en repentiras, mauvais garnement !. Suis-moi.
Charles, combattu entre le désir de résister à sa cousine et la crainte qu'elle lui inspirait, hésita un instant; la cousine se retourna, et, le voyant encore immobile, elle le saisit par l'oreille et l'entraîna vers un cabinet noir dans lequel elle le poussa violemment.
Une heure de cabinet et du pain et de l'eau pour dîner ; et une autre fois ce sera bien autre chose. »
 
 

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