Journal
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Jules et Edmond de Goncourt, auteurs, 14 décembre 1868.
Manuscrit autographe, 210 x 185 mm
BnF, département des Manuscrits, NAF 22443, p. 315
© Bibliothèque nationale de France
Le 14 décembre 1868, Zola est invité à déjeuner par les Goncourt, qu'il rencontre pour la première fois. Tout le sépare politiquement, et surtout socialement, de ces aristocrates artistes, familiers de la princesse Mathilde. Il reconnaît pourtant en eux des maîtres de l'observation clinique des corps et des âmes. Fidèles à leur réputation, les deux frères ont laissé du jeune Zola un portrait psychologique d'une étonnante perspicacité :
Notre première impression fut de voir en lui un Normalien crevé, à la fois râblé et chétif, à encolure de Sarcey et à teint exsangue et cireux, un fort jeune homme avec des délicatesses du modelage d'une fine porcelaine dans les traits de la figure, le dessin des paupières, les furieux méplats du nez, les mains. Un peu taillé en toute sa personne comme ses personnages, qu'il fait de deux types contraires, ces figures où il mêle le mâle et le féminin ; et au moral même, laissant échapper une ressemblance avec ses créations d'âmes aux contrastes ambigus. Le côté qui domine, le côté maladif, souffrant, ultra-nerveux, approchant de vous par moments la sensation pénétrante de la victime tendre d'une maladie de cœur. Être insaisissable, profond, mêlé, après tout ; douloureux, anxieux, trouble, douteux. »
 
 

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