Achille Devéria (1800-1857), dessinateur, Paris, 1829.
Pour affaiblir l’influence de deux favoris et récupérer son emprise sur son fils, le roi Henri III, Catherine de Médicis fait donner une potion à la duchesse de Guise pour en faire l’amante de Saint-Mégrin. Les choses s’enveniment au point que, dans le dernier acte, le duc de Guise assassine Saint-Mégrin.
Dans cette scène V de l’acte III, le duc de Guise force sa femme à écrire un billet à Saint-Mégrin pour l’inviter à un rendez-vous galant, qui ne sera autre chose qu’un guet-apens mortel.
« LE DUC DE GUISE. Oui, malheur, car il est plus facile à une femme d’expirer que de souffrir. —
(Lui saisissant le bras avec son gant de fer.) Écrivez.
LA DUCHESSE DE GUISE. Oh ! laissez-moi.
LE DUC DE GUISE. Écrivez !
LA DUCHESSE DE GUISE. Vous me faites mal, Henri.
LE DUC DE GUISE. Écrivez, vous dis-je !
LA DUCHESSE DE GUISE,
essayant de dégager son bras. Vous me faites bien mal, Henri ; vous me faites horriblement mal… Grâce ! grâce ! ah !
LE DUC DE GUISE. Écrivez donc.
LA DUCHESSE DE GUISE. Le puis-je ? Ma vue se trouble… Une sueur froide… ô mon Dieu ! mon Dieu ! je te remercie, je vais mourir.
(Elle s’évanouit.)
LE DUC DE GUISE. Eh ! non, vous ne mourrez pas.
(Il lui fait respirer un flacon.)
LA DUCHESSE DE GUISE. Qu’exigez-vous de moi ?
LE DUC DE GUISE. Que vous m’obéissiez. »
Alexandre Dumas,
Henri III et sa cour, acte III, scène V, 1829.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Levy frères, 1874-1883