Château de Chambord, Loir et Cher
Antoine-Louis Goblain, dessinateur, 1821.
Dessin à la plume et encre de Chine, lavis à l'encre de Chine et à l'encre brune ; 10 x 15,5 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE VE-26 (K)
© Bibliothèque nationale de France
En 1519, François Ier lance à quelques lieues de Blois, au cœur d’un désert marécageux, un immense chantier dont il ne verra pas la fin. Les agrandissements des châteaux de Blois et d’Amboise ne suffisent pas au jeune roi qui veut éblouir sa cour. Chambord sera le premier château entièrement voulu par lui. Alfred de Vigny le décrit dans son roman historique, Cinq-Mars, qui raconte les frasques et complots d’un favori de Louis XIII.

« À quatre lieues de Blois, à une heure de la Loire, dans une petite vallée fort basse, entre des marais fangeux et un bois de grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout à coup un château royal ou plutôt magique. On dirait que, contraint par quelque lampe merveilleuse, un génie de l'Orient l'a enlevé pendant une des mille nuits, et l'a dérobé aux pays du soleil pour le cacher dans ceux du brouillard avec les amours d'un beau prince.
Ce palais est enfoui comme un trésor ; mais à ses dômes bleus, à ses élégants minarets, arrondis sur de larges murs ou élancés dans l'air, à ses longues terrasses qui dominent les bois, à ses flèches légères que le vent balance, à ses croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leurs tapis de mousse ou de lierre, et la couleur pâle et mélancolique du ciel, n'attestaient un pays pluvieux.
Ce fut bien un génie qui éleva ces bâtiments mais il vint d'Italie et se nomma Le Primatice, ce fut bien un beau prince dont les amours s'y cachèrent ; mais il était roi, et se nommait François Ier. Sa salamandre y jette ses flammes partout ; elle étincelle mille fois sur les voûtes, et y multiplie ses flammes comme les étoiles d'un ciel ; elle soutient les chapiteaux avec sa couronne ardente ; elle colore les vitraux de ses feux. »

Alfred de Vigny, Cinq-Mars, 1826.
>Texte intégral dans Gallica
 
 

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