Éloa, ou la Sœur des anges, mystère
Chant I
Alfred de Vigny (1797-1863), auteur ; Maurice Denis (1870-1943), illustrateur ; Jacques Beltrand (1874-1977), illustrateur, Paris, 1917.
BnF, Réserve des livres rares, RES M-YE-315
© Bibliothèque nationale de France
« Chant premier
Naissance

Il naquit sur la terre un Ange, clans le temps
Où le Médiateur sauvait ses habitants.
Avec sa suite obscure et comme lui bannie,
Jésus avait quitté les murs de Béthanie ;
À travers la campagne il fuyait d'un pas lent,
Quelquefois s'arrêtait, priant et consolant,
Assis au bord d'un champ le prenait pour symbole,
Ou du Samaritain disait la parabole,
La brebis égarée, ou le mauvais pasteur,
Ou le sépulcre blanc pareil à l'imposteur ;
Et de là poursuivant sa paisible conquête,
De la Chananéenne écoutait la requête,
À la fille sans guide enseignait ses chemins,
Puis aux petits enfants il imposait les mains.
L'aveugle-né voyait sans pouvoir le comprendre
Le lépreux et le sourd se toucher et s'entendre,
Et tous lui consacrant des larmes pour adieu,
Ils quittaient le désert où l'on exilait Dieu.
Fils de l'homme et sujet aux maux de la naissance,
Il les commençait tous par le plus grand, l'absence,
Abandonnant sa ville et subissant l'Édit,
Pour accomplir, en tout, ce qu'on avait prédit. »

Alfred de Vigny, Éloa, 1824.
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