La Pieuvre
Les Travailleurs de la mer
Victor Hugo (1802-1885), dessinateur, vers 1866.
Plume, pinceau, encre brune et lavis sur papier crème (357 x 259 mn)
BnF, département des Manuscrits, NAF 247452, fol. 382
© Bibliothèque nationale de France
Placé à l'intérieur du chapitre « Le monstre » (II, IV, II), ce dessin correspond bien à la longue description de la pieuvre : « La nuit, pourtant, et particulièrement dans la saison du rut, elle est phosphorescente. Cette épouvante a ses amours. Elle attend l'hymen. Elle se fait belle, elle s'allume, elle s'illumine, et, du haut de quelque rocher, on peut l'apercevoir au-dessous de soi dans les profonds ténèbres épanouie en une irradiation blême, soleil spectre. » (T. M., II, IV, II.)
Ce dessin, comme « l'Esprit de la tempête », semble avoir été inspiré par des miniatures du Voyage miraculeux du Prophète. La feuille a été entièrement imbibée de lavis d'encre, rendant une parfaite évocation du milieu liquide. Ce dessin n'était pas prévu pour figurer dans le manuscrit puisqu'il était plus vaste et que toute la partie inférieure a été découpée. On notera que la pieuvre dessine avec ses tentacules les lettres « V » et « H », initiales de l'auteur.
Avec Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo allait populariser un nouveau mot, celui de pieuvre ; utilisé seulement dans le vieux parler normand, ce terme allait désormais se retrouver dès 1866 sous la plume de George Sand, puis sous celle de Maupassant et tendre à supplanter celui de poulpe alors usité.
André Masson a réalisé une suite de huit dessins pour une édition de quelques chapitres du roman dans une collection dirigée par Roger Caillois (Buenos Aires, 1944) : aucun artiste n'était plus à même d'illustrer Les Travailleurs de la mer que l'auteur d'œuvres comme Grand Combat de poissons (1928).
 
 

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