Don Salluste
Ruy Blas
Dame de la reine
Doña Maria de Neubourg, reine d'Espagne
Maquette de costume pour Ruy Blas. Odéon-Théâtre de l'Europe, 24 février 1872
Victor Hugo (1802-1885), auteur ; Alfred Albert (1814?-1879), dessinateur, 1872.
6 dessins : aquarelles ; 30 x 23 cm
BnF, 4-OICOTHE-28 (1-6)
© Bibliothèque nationale de France
À la fin de l’acte V, Ruy Blas, acculé, avoue à la reine son véritable nom et son amour.

« LA REINE. Que voulez-vous ?

RUY BLAS, joignant les mains. Que vous me pardonniez, madame !

LA REINE. Jamais.

RUY BLAS. Jamais !
Il se lève et marche lentement vers la table.
Bien sûr ?

LA REINE. Non, jamais !

RUY BLAS. Il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d'un trait. Triste flamme,
Éteins-toi !

LA REINE, se levant et courant à lui. Que fait-il ?

RUY BLAS, posant la fiole. Rien. Mes maux sont finis.
Rien. Vous me maudissez, et moi je vous bénis.
Voilà tout.

LA REINE, éperdue. Don César !

RUY BLAS. Quand je pense, pauvre ange,
Que vous m'avez aimé !

LA REINE. Quel est ce philtre étrange ?
Qu'avez-vous fait ? Dis-moi ! réponds-moi ! parle-moi !
César ! je te pardonne et t'aime et je te croi !

RUY BLAS. Je m'appelle Ruy Blas.

LA REINE, l'entourant de ses bras. Ruy Blas, je vous pardonne !
Mais qu'avez-vous fait là ? Parle, je te l'ordonne !
Ce n'est pas du poison, cette affreuse liqueur ?
Dis ?

RUY BLAS. Si ! c'est du poison. Mais j'ai la joie au cœur.
Tenant la reine embrassée et levant les yeux au ciel.
Permettez, ô mon Dieu ! justice souveraine !
Que ce pauvre laquais bénisse cette reine,
Car elle a consolé mon cœur crucifié,
Vivant, par son amour, mourant, par sa pitié ! »

Victor Hugo, Ruy Blas, V, 4.
>Texte intégral dans Gallica : Leipzig, Brockhaus et Avenarius, 1838.
 
 

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