Le Dernier Jour d'un condamné
Manuscrit autographe
Victor Hugo (1802-1885), auteur.
21 f. cotés A-U et 65 f. - 360 × 280 mm. - Rel. parch., couv. en drap rouge
BnF, département des Manuscrits, NAF 13376, fol. 20v°.
© Bibliothèque nationale de France
La voix du condamné se termine par des points de suspension qui évoquent cet aphorisme ultérieur de Victor Hugo : « La vie est une phrase interrompue. » L’heure de l’exécution programmée apparaît en dessous en lettres capitales.

« Un juge, un commissaire, un magistrat, je ne sais de quelle espèce, vient de venir. Je lui ai demandé ma grâce en joignant les deux mains et en me traînant sur les deux genoux. Il m’a répondu, en souriant fatalement, si c’est là tout ce que j’avais à lui dire.
– Ma grâce ! ma grâce ! ai-je répété, ou, par pitié, cinq minutes encore !
Qui sait ? elle viendra peut-être ! Cela est si horrible, à mon âge, de mourir ainsi ! Des grâces qui arrivent au dernier moment, on l’a vu souvent. Et à qui fera-t-on grâce, monsieur, si ce n’est à moi ?
Cet exécrable bourreau ! il s’est approché du juge pour lui dire que l’exécution devait être faite à une certaine heure, que cette heure approchait, qu’il était responsable, que d’ailleurs il pleut, et que cela risque de se rouiller.
– Eh, par pitié ! une minute pour attendre ma grâce ! ou je me défends ! je mords !
Le juge et le bourreau sont sortis. Je suis seul. – Seul avec deux gendarmes.
Oh ! l’horrible peuple avec ses cris d’hyène ! – Qui sait si je ne lui échapperai pas ? si je ne serai pas sauvé ? si ma grâce ?… Il est impossible qu’on ne me fasse pas grâce ! Ah ! les misérables ! il me semble qu’on monte l’escalier… QUATRE HEURES. »

Victor Hugo. Le Dernier Jour d'un condamné, chap. XLIX.
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