Histoire du chien de Brisquet
25 compositions de Steinlen
Charles Nodier (1780-1844), auteur ; Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), illustrateur, Paris, Ed. Pelletan,, 1900.
BnF, Réserve des livres rares, Rés. Z. Audéoud. 83
© Bibliothèque nationale de France
L'Histoire du chien de Brisquet de Charles Nodier est publiée pour la première fois en 1830 dans la déconcertante Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, dont elle constitue l'un des deux seuls passages narratifs. C'est peut-être le personnage de Breloque qui définit alors le mieux cette histoire, qui « ne contient ni descriptions inutiles, ni discours aux périodes sonores, ni combinaisons dramatiques, ni artifices de mots ». Extrêmement concis, le conte n'est ni merveilleux, ni fantastique. Il rapporte l'histoire de la Bichonne, la chienne du bûcheron Brisquet, qui sacrifie sa vie pour sauver les deux enfants de son maître menacés d'être dévorés par un loup dans la forêt de Lions. Écrit dans un ancien français comme transcrit de l'oralité, le conte est une « invention » romantique et appréciée comme telle par le public adulte. Mais la simplicité et la brièveté du récit opérant comme un exemplum de l'abnégation expliquent la fortune éditoriale du texte à destination de la jeunesse, tant à usage scolaire que distractif. Cette pluralité de lectures donne la remarquable édition Hetzel dans le « Nouveau magasin des enfants » en 1844, où le conte, illustré par Tony Johannot, suit celui de Trésor des fèves et Fleur des pois et du Génie Bonhomme, mais elle donne également l'édition pour bibliophiles réalisée par Édouard Pelletan en 1900, illustrée de compositions de Steinlen gravées sur bois et tirée à 127 exemplaires numérotés, plus 50 de présent dont 20 sur papier mécanique pour les enfants. L'éditeur joue habilement avec les deux publics d'une part en dédiant le livre à sa fille Jeanne, pour laquelle Anatole France écrit une lettre préface, véritable explication de texte de « ce beau livre d'enfant », et d'autre part en destinant de fait son édition à sa clientèle traditionnelle, celle des amateurs de beaux livres à laquelle appartient Maurice Audéoud. Le frontispice ajoute à l'ambiguïté en représentant l'éditeur et l'artiste offrant ce grand livre à une procession d'enfants ébahis sous le regard d'un chat qui, par un clin d'œil de Steinlen, trouve à s'immiscer dans ce monument à la mémoire d'un chien. (C. P.)
 
 

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