Vautrin, Poiret, Mme Vauquer, officiers de paix et chef de la police de sûreté
Eugène de Rastignac
Vautrin
Rastignac et Vautrin
 
Gondureau, Mlle Michonneau et Poiret
Matrice pour l'illustration pour Le Père Goriot, Études de mœurs, Scènes de la vie privée de La Comédie humaine 6, volume 6, Paris, Editions Conard, 1910-1950, p.380
Charles Huard (1874-1965), dessinateur ; Pierre Gusman (1832-1941), graveur.
Maison de Balzac. Numéro d’inventaire BAL 99-135
© Maison de Balzac
Gondureau est un des noms d'emprunt de Bibi-Lupin, chef de la police de sûreté et ancien forçat. Il se fait passer pour un simple agent auprès de Mlle Michonneau et de Poiret afin de pincer Vautrin, son ancien compagnon de bagne et son ennemi intime. Certes il l'arrête, mais, quelques années plus tard, c'est Vautrin qui lui succèdera comme chef de la police de sûreté. Balzac s'est inspiré des Mémoires de Vidocq, parus en 1828. Cet ancien forçat était devenu chef d'une brigade de la Préfecture de Police de Paris et avait recruté comme agents ses anciens compagnons du bagne.

Gondureau donne rendez-vous à Mlle Michonneau et Poiret, deux pensionnaires de Mme Vauquer, au Jardin des Plantes pour discuter de leur affaire.
«— Trompe-la-Mort ne se laisserait pas aborder par une femme, dit l’agent. Apprenez un secret : il n’aime pas les femmes.
— Mais je ne vois pas alors à quoi je suis bonne pour une semblable vérification, une supposition que je consentirais à la faire pour deux mille francs.
— Rien de plus facile, dit l’inconnu. Je vous remettrai un flacon contenant une dose de liqueur préparée pour donner un coup de sang qui n’a pas le moindre danger et simule une apoplexie. Cette drogue peut se mêler également au vin et au café. Sur-le-champ vous transportez votre homme sur un lit, et vous le déshabillez afin de savoir s’il ne meurt pas. Au moment où vous serez seule, vous lui donnerez une claque sur l’épaule, paf ! et vous verrez reparaître les lettres.
— Mais c’est rien du tout, ça, dit Poiret.
— Eh bien ! consentez-vous ? dit Gondureau à la vieille fille.
— Mais, mon cher monsieur, dit mademoiselle Michonneau, au cas où il n’y aurait point de lettres, aurais-je les deux mille francs ?
— Non.
— Quelle sera donc l’indemnité ?
— Cinq cents francs.
— Faire une chose pareille pour si peu. Le mal est le même dans la conscience, et j’ai ma conscience à calmer, monsieur. »

Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1834.
>Texte intégral dans Gallica : Furne, Paris, 1842-1848
 
 

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