Louis Lambert
Œuvres illustrées
Honoré de Balzac (1799-1850), auteur ; Marescq et Cie, éditeur, Paris, 1851-1853.
8 vol. : fig. ; in-4
BnF, département de Littérature et Art, Z-7764
© Bibliothèque nationale de France
Balzac a repris de nombreuses fois l'écriture de Louis Lambert. Entre le manuscrit de 1832 et l’édition corrigée de Furne de 1846, le roman triple de volume. Il raconte l’histoire d’un fils de tanneurs, dont l’éducation est confiée à son oncle curé. Mme de Staël, surprise par l’intelligence de ce garçon (« C’est un vrai voyant »), l’envoie à ses frais au collège des Oratoriens de Vendôme, où Balzac a étudié. Taciturne, prédisposé aux mathématiques et à la philosophie, Louis Lambert se lie d’amitié seulement avec le narrateur.
Flaubert lit Louis Lambert en 1852 et confie ses impressions à Louise Colet : « As-tu lu un livre de Balzac qui s’appelle Louis Lambert ? Je viens de l’achever il y a cinq minutes ; il me foudroie. C’est l’histoire d’un homme qui devient fou à force de penser aux choses intangibles. Cela s’est cramponné à moi par mille hameçons. Ce Lambert, à peu de choses près, est mon pauvre Alfred [dans Madame Bovary]. J’ai trouvé là de nos phrases (dans le temps) presque textuelles : les causeries des deux camarades au collège sont celles que nous avions, ou analogues. »

« Le lendemain si attendu vint enfin. Un moment avant le déjeuner, nous entendîmes dans la cour silencieuse le double pas de monsieur Mareschal et du Nouveau. Toutes les têtes se tournèrent aussitôt vers la porte de la classe. Le père Haugoult, qui partageait les tortures de notre curiosité, ne nous fit pas entendre le sifflement par lequel il imposait silence à nos murmures et nous rappelait au travail. Nous vîmes alors ce fameux Nouveau, que monsieur Mareschal tenait par la main. […] nous vînmes tous environner Lambert pendant que monsieur Mareschal se promenait dans la cour avec le père Haugoult. Nous étions environ quatre-vingts diables, hardis comme des oiseaux de proie. Quoique nous eussions tous passé par ce cruel noviciat, nous ne faisions jamais grâce à un Nouveau des rires moqueurs, des interrogations, des impertinences qui se succédaient en semblable occurrence, à la grande honte du néophyte de qui l’on essayait ainsi les mœurs, la force et le caractère. Lambert, ou calme ou abasourdi, ne répondit à aucune de nos questions. L’un de nous dit alors qu’il sortait sans doute de l’école de Pythagore. Un rire général éclata. Le Nouveau fut surnommé Pythagore pour toute sa vie de collège. Cependant le regard perçant de Lambert, le dédain peint sur sa figure pour nos enfantillages en désaccord avec la nature de son esprit, l’attitude aisée dans laquelle il restait, sa force apparente en harmonie avec son âge, imprimèrent un certain respect aux plus mauvais sujets d’entre nous. »

Honoré de Balzac, Louis Lambert.
>Texte intégral dans Gallica : Furne, Paris, 1842-1848
 
 

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