Rome - Le Mont Janicule
Lac Majeur - Vue générale de L'Isola Bella
Syracuse - Vue du Théâtre de taillé dans le Rocher
Rome - Le Mont Capitolin
Rome - Le mont Quirinal
Rome - Le Mont Capitolin
Rome - Le mont Caelius
Agrigente - Vue Générale du temple de la Concorde
Rome - Le mont Aventin
Rome - Le Mont Janicule
Rome - Le mont Palatin
Rome - Le Mont Esquilin
Louis-François Cassas, (1756-1827), illustrateur ; Jacques-Louis Bance (1761-1847), graveur, Paris, Ed. des frères Piranèse, 1801.
Gravure à l'eau-forte aquarellée avec reprise de plume et rehauts de gouache (62 x 86 cm)
BnF, bibliothèque de l'Arsenal, ARS EST-1460 (PL 9)
© Bibliothèque nationale de France
« Un après-midi de la fin d’avril, en passant contre la fontaine Pauline et les trois torrents versant l’eau Trajane avec le bruit de cataractes, sur la plate-forme de cette rampe qui descend en tournoyant l’ancien Janicule et que gravissent lentement des Capucins et des ânes chargés d’herbage, Madame Gervaisais fit arrêter sa voiture devant cette grande Rome, répandue, éparse, au bas du mont, sous un éclairage étrange.
Dans un jour voilé de cinq heures, sous un lourd et pesant nuage violet, crêté de blanc, elle avait à sa gauche, au-delà du Fort-Saint-Ange, les lignes d’une campagne verdoyante avec la levée de deux mamelons pareils à des tumulus de peuples enterrés ; à droite, par-dessus le Palatin, le bleu sourd des collines où se cache Albano ; et devant elle toute la plaine bâtie, l’infinie étendue de Rome, un chaos et un univers de pierre, un entassement, une mêlée, une confusion, une superposition de maisons, de palais, d’églises, une forêt d’architectures où se levaient des cimes, des campaniles, des coupoles, des colonnes, des statues, des bras de ruines désespérés dans l’air, des aiguilles d’obélisques, des Césars de bronze, des pointes d’épées d’anges, noires sur le ciel.
Vaste panorama en amphithéâtre que cette capitale de Dieu, portée et étagée sur ses sept collines, et montant, par des escaliers de monuments et des assises de temple, à ces belles lignes acropoliennes qui l’arrêtent, la profilent et la font trôner sur l’horizon ! Une solennité immobile et muette, une grandeur de mort, un repos pétrifié, le sommeil d’une ville endormie par une puissance magique ou vidée par une peste, pesait sur la cité sans vie, aux fenêtres vides, aux cheminées sans fumée, au silence sans bruit d’activité ni d’industrie, où rien ne tombait qu’un tintement de cloche, espacé de minute en minute. Mais c’était le ciel surtout qui donnait à tout une apparence éteinte avec une lumière grise et terne d’éclipse, empoussiérant le mousseux des toits, le frustre des murs, enveloppant une Rome jaune et blafarde d’un ton qui rappelait à Madame Gervaisais des tableaux d’Afrique, des paysages étouffés sous une nuée de désert. »

Edmond et Jules de Goncourt, Madame Gervaisais, 1869
> Texte intégral sur Gallica : Paris, Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1869
 
 

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