Éloge funèbre de Charles X
Mémoires d'outre-tombe. II-VI. Manuscrit dit de 1845. Quatrième partie : Livre XI, feuillet numéroté 4015
François-René de Chateaubriand (1768-1848), auteur, XIXe siècle.
BnF, département des Manuscrits, NAF 26455 fol. 97
© Bibliothèque nationale de France
Au livre XI, la mort de Charles X, survenue le 6 novembre 1836, inspire à Chateaubriand un éloge funèbre de visionnaire, dont la copie de Pilorge, avec ses corrections autographes, ne donne qu'une version intermédiaire. La disparition du dernier roi de France, coïncidant avec la récente érection du nouvel obélisque sur la place de la Concorde (25 octobre 1836) et avec la campagne menée en faveur du retour des cendres de Napoléon, lui offre une occasion de « battre le rappel de la mort », et de se livrer à une rêverie « consensuelle » et prophétique.
Dans le Congrès de Vérone (avril 1838), Chateaubriand avait publié une première version de ce passage : « Mais quand un nouvel univers émerge du sein des âges, quand le passé n'est plus que de l'histoire, pourquoi ne réunirait-on pas tant d'ossements dispersés, comme on réunit des Antiques exhumés de différentes fouilles ? À ce rappel de la Mort, la dépouille de Charles X rejoindrait celle de son fils et de ses frères, dans l'abbaye de Dagobert ; la colonne de bronze élèverait ses batailles et ses victoires immobiles sur le squelette à jamais fixé de Napoléon, tandis qu'apportés du pays de l'éternité, quatre mille ans, dans la forme d'une pierre, ensevelissent l'échafaud de Louis XVI sous le poids des siècles. Un jour viendra que l'obélisque du désert retrouvera sur la place des meurtres les débris, le silence et la solitude de Luxor. »
Dans la version définitive (copie de 1847), le texte du « manuscrit Champion » sera encore abrégé, pour ne plus laisser place qu'à la sentinelle énigmatique, demeurée seule dans le silence des passions éteintes.
 
 

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