Christophe Colomb dans l’appartement du Cacique
Illustration pour la Découverte du Nouveau Monde dans Œuvres de J.-J. Rousseau
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), auteur ; Jean-Michel Moreau, le Jeune (1741-1814), dessinateur, Bruxelles, Ed. de Londres, 1774-1783.
BnF, département des Manuscrits, Rothschild 229 fol. 37
© Bibliothèque nationale de France
La Découverte du Nouveau Monde est un petit opéra-tragédie en trois actes composé par Rousseau à Lyon en 1740, alors qu’il est, un an durant, précepteur des fils du grand prévôt de Mably : « J’en avais fait à Lyon un autre [opéra-tragédie], intitulé la Découverte du nouveau monde, dont, après l’avoir lu à M. Bordes, à l’abbé de Mably, à l’abbé Trublet et à d’autres, j’avais fini par faire le même usage, quoique j’eusse déjà fait la musique du prologue et du premier acte, et que David m’eût dit, en voyant cette musique, qu’il y avait des morceaux dignes de Buononcini. » (Confessions, livre II).

La scène se passe dans les appartements du Cacique. (A Carime.)
« Pour ces tristes climats la vôtre nʼest pas née.
Sensible aux feux dʼAlvar, daignez les couronner.
Venez montrer lʼexemple à lʼEspagne étonnée,
Quand on pourrait punir, de savoir pardonner.
LE CACIQUE. – Cʼest toi qui viens de le donner ;
Tu me rends Digizé, tu mʼas vaincu par elle.
Tes armes nʼavaient pu dompter mon coeur rebelle,
Tu lʼas soumis par tes bienfaits.
Sois sur, dès cet instant, que tu nʼauras jamais
Dʼami plus empressé, de sujet plus fidele.
COLOMB. – Je te veux pour ami, sois sujet dʼIsabelle.
Vante-nous désormais ton éclat prétendu,
Europe, en ce climat sauvage,
On éprouve autant de courage,
On y trouvé plus de vertu.
Ô vous, que des deux bouts du monde,
Le destin rassemblé en ces lieux,
Venez, peuples divers, former dʼaimables jeux!
Quʼa vos concerts lʼécho réponde :
Enchantez les coeurs et les jeux.
Jamais une plus digne fête
Nʼattira vos regards.
Nos jeux sont les enfans des arts,
Et le monde en est la conquête.
Hâtez-vous, accourez, venez de toutes parts,
O vous, que des deux bouts du monde,
Le destin rassemblé en ces lieux,
Venez former dʼaimables jeux. »
(Acte III scène IV)
 
 

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