Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, fils d'un secrétaire de Marie de Médicis, voué à la cléricature dès son enfance, titulaire de nombreux bénéfices, neveu de l'archevêque de Tours dont il était l'archidiacre, premier aumônier de Monsieur, semblait appelé aux plus hauts honneurs de l'Église. Qu'il mène une vie de plaisirs et de dissipation n'y fait pas obstacle en ce temps.
Mais, à l'âge de trente et un ans, touché par la grâce, il résolut de se donner uniquement à Dieu. Il abandonne tout, sauf son abbaye de la Trappe, y rétablit une règle sévère dont il donne l'exemple. Il meurt en 1700, couché sur la paille et la cendre, selon son souhait.
C'est à ce grand spirituel, à cet homme dépris de toutes les vanités de ce monde, que Louis de Saint-Simon, duc et pair de France, obsédé des prérogatives de son état, vouera son attachement le plus profond et le plus inaltérable. La Trappe, c'est aussi la puissance de souvenirs de jeunesse, associés à la mémoire d'un père vénéré ; toute sa vie, Saint-Simon revient vers ce saint lieu.