Mon écolière me présentait mon petit cachet
Illustration du Neveu de Rameau
Denis Diderot (1713-1784), auteur ; F.A. Milius, dessinateur, Paris, Rouquette, 1884.
Estampe en taille-douce, noir et blanc (11 x 7,5 cm)
BnF, département Littérature et Art, 8-Y2 6937, microfilm R 122272
© Bibliothèque nationale de France
« Je criais sol, sol, sol ; mademoiselle, c’est un sol.
La mère : Mademoiselle, est-ce que vous n’avez point d’oreille ? Moi qui ne suis pas au clavecin, et qui ne vois pas sur votre livre, je sens qu’il faut un sol. Vous donnez une peine infinie à Monsieur. Je ne conçois pas sa patience. Vous ne retenez rien de ce qu’il vous dit. Vous n’avancez point...
Alors je rabattais un peu les coups, et hochant de la tête, je disais, pardonnez-moi, madame, pardonnez-moi. Cela pourrait aller mieux, si mademoiselle voulait ; si elle étudiait un peu ; mais cela ne va pas mal.
La mère : À votre place, je la tiendrais un an sur la même pièce.
– Ho pour cela, elle n’en sortira pas qu’elle ne soit au-dessus de toutes les difficultés ; et cela ne sera pas si long que madame le croit.
– La mère : Monsieur Rameau, vous la flattez ; vous êtes trop bon. Voilà de sa leçon la seule chose qu’elle retiendra et qu’elle saura bien me répéter dans l’occasion.
L’heure se passait. Mon écolière me présentait le petit cachet, avec la grâce du bras et la révérence qu’elle avait apprise du maître à danser. »
 
 

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