La Cité de Dieu
De civitate Dei
Saint Augustin (354-430), Vallée du Rhône ou Languedoc, 1er quart du XIIe siècle.
BnF, département des Manuscrits, Latin 2060 f. 1
© Bibliothèque nationale de France
Les fondateurs du genre utopique, Thomas More au XVIe siècle, Bacon ou Campanella au XVIIe, se réclameront tous de l'héritage de l'Antiquité, et d'abord des grands auteurs qui ont inauguré la réflexion politique sur la cité idéale.
Au premier rang de ces autorités, Platon et Aristote, dont les œuvres sur la cité juste sont tenues pour fondatrices, puis saint Augustin et les théologiens du pouvoir spirituel, enfin, à la fin du Moyen Âge, les auteurs des Miroirs des Princes, conseillers de la puissance royale.
La "bonne cité", dans cette tradition, est celle qui s'organise à l'image du cosmos, reconduisant un ordre hiérarchique inspiré de la volonté divine et inscrit dans le plan de la nature. Cet ordre, où chacun a sa place, garantit la concorde et fonde l'unité de la cité.
On retrouve cette aspiration à l'unité du corps social, qui sera un trait essentiel de la pensée utopique, dans l'idée de la communauté monastique, elle-même modèle de multiples communautés, religieuses ou laïques.
Les manuscrits latins de La Cité de Dieu ne présentent en général aucune décoration figurée. Le manuscrit latin 2060 fait exception à cette règle, encore que la cité de Dieu qui en orne le frontispice soit réduite aux seuls éléments architecturaux tels qu'arcs et colonnes. Pour autant, le jeu subtil des couleurs, l'ampleur de la construction à pleine page, l'élégance du titre en capitales enclavées inscrites en réserve sur un fond violacé en font un chef-d'œuvre dont la simplicité conceptuelle évoque d'autant mieux le génie de la pensée de saint Augustin et la gloire de cette cité fondée sur l'amour de Dieu.
 
 

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