Jacques le fataliste et son maître
Jacques le fataliste et son maître
Jacques et Justine chez Bigre
Jacques le fataliste et son maître
Jacques, son maître et l’hôtesse qui raconte l’histoire
Jacques le fataliste et son maître
Frontispice du tome III, vol. 2
Denis Diderot (1713-1784), auteur, Paris, Ed. Le Prieur, 1797.
BnF, Réserve des livres rares, SMITH LESOUEF R-1895
© Bibliothèque nationale de France
Jacques et son maître arrivent dans une auberge. L’hôtesse leur raconte l’histoire de Mme de la Pommeraye et du marquis des Arcis, couple d’amants dont les liens reposaient sur un contrat moral entre eux. Voyant au bout de quelques années que le marquis s’éloigne, Mme de la Pommeraye fait semblant d’avouer son propre affaiblissement du sentiment pour lui faire reconnaître qu’en effet lui-même n’est plus amoureux. Elle se vengera en le jetant dans les bras d’une fille indigne de lui dont il tombe amoureux. Mme la Pommeraye lui révèle alors que sa maîtresse est une courtisane. Finalement, le marquis pardonne à la femme qu’il aime :
« Votre bonheur n’est point perdu sans ressources, et vous pouvez m’oublier…
— Levez-vous, lui dit doucement le marquis ; je vous ai pardonné : au moment même de l’injure j’ai respecté ma femme en vous ; il n’est pas sorti de ma bouche une parole qui l’ait humiliée, ou du moins je m’en repens, et je proteste qu’elle n’en entendra plus aucune qui l’humilie, si elle se souvient qu’on ne peut rendre son époux malheureux sans le devenir. Soyez honnête, soyez heureuse, et faites que je le sois. Levez-vous, je vous en prie, ma femme, levez-vous et embrassez-moi ; madame la marquise, levez-vous, vous n’êtes pas à votre place ; madame des Arcis, levez-vous… »
Pendant qu’il parlait ainsi, elle était restée le visage caché dans ses mains, et la tête appuyée sur les genoux du marquis ; mais au mot de ma femme, au mot de madame des Arcis, elle se leva brusquement, et se précipita sur le marquis, elle le tenait embrassé, à moitié suffoquée par la douleur et par la joie ; puis elle se séparait de lui, se jetait à terre, et lui baisait les pieds.
« Ah ! lui disait le marquis, je vous ai pardonné ; je vous l’ai dit ; et je vois que vous n’en croyez rien.
— Il faut, lui répondait-elle, que cela soit, et que je ne le croie jamais. »
Le marquis ajoutait : « En vérité, je crois que je ne me repens de rien ; et que cette Pommeraye, au lieu de se venger, m’aura rendu un grand service. Ma femme, allez vous habiller, tandis qu’on s’occupera à faire vos malles. Nous partons pour ma terre, où nous resterons jusqu’à ce que nous puissions reparaître ici sans conséquence pour vous et pour moi… »
Ils passèrent presque trois ans de suite absents de la capitale. »
 
 

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