Au Bonheur des Dames
Manuscrit, deuxième volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10276, fol. 650
© Bibliothèque nationale de France
Chapitre XIII

« Un matin de novembre, Denise donnait les premiers ordres à son rayon lorsque la bonne des Baudu vint lui dire que mademoiselle Geneviève avait passé une bien mauvaise nuit, et qu’elle voulait voir sa cousine tout de suite ; Depuis quelque temps, la jeune fille s’affaiblissait de jour en jour, et elle avait dû s’aliter l’avant-veille.
— Dites que je descends a l’instant, répondit Denise très inquiète.
Le coup qui achevait Geneviève était la disparition brusque de Colomban. D’abord, plaisanté par Clara, il avait découché ; puis, cédant à la folie de désir des garçons sournois et chastes, devenu le chien obéissant de cette fille, il n’était pas rentré un lundi, il avait simplement écrit à son patron une lettre d’adieu, faite avec des phrases soignées d’homme qui se suicide. Peut-être, au fond de ce coup de passion, aurait on trouvé aussi le calcul rusé d’un garçon ravi de renoncer à un mariage désastreux ; la maison de draperie se portait aussi mal que sa future, l’heure était bonne de rompre par une sottise. Et tout le monde, le citait comme une victime fatale de l’amour.
Lorsque Denise arriva au Vieil Elbeuf, madame Baudu s’y trouvait seule. »
 
 

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