Au Bonheur des Dames
Manuscrit, deuxième volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10276, fol. 590
© Bibliothèque nationale de France
« Le lendemain, aux confections, Clara Prunaire essaya d’être désagréable à Denise. Elle avait remarqué l’amour transi de Colomban, elle eut l’idée de plaisanter les Baudu. Comme Marguerite taillait son crayon en attendant les clientes, elle lui dit à voix haute :
— Vous savez, mon amoureux d’en face... Il finit par me chagriner dans cette boutique noire, où il n’entre jamais personne.
— Il n’est pas si malheureux, répondit Marguerite, il doit épouser là fille du patron.
— Tiens ! reprit Clara, ce serait drôle de l’enlever alors !... Je vais en faire la blague, parole d’honneur !
Et elle continua, heureuse de sentir Denise révoltée. Celle-ci lui pardonnait tout ; mais l’idée de sa cousine Geneviève mourante, achevée par cette cruauté, la jetait hors d’elle. Justement, une cliente se présentait, et comme madame Aurélie venait de descendre au sous-sol, elle prit la direction du comptoir, elle appela Clara.
— Mademoiselle Prunaire, vous feriez mieux de vous occuper de cette dame que de causer. »
 
 

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