Au Bonheur des Dames
Manuscrit, deuxième volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10276, fol. 575
© Bibliothèque nationale de France
« Les glaces de l’armoire reflétaient de larges pans de clarté vive sur les tentures de soie rouge, où dansaient les ombres des deux femmes. Un flacon de verveine, qu’on avait oublié de reboucher, exhalait une odeur vague et perdue de bouquet qui se fane.
— Voilà, madame, tout ce que je puis faire, dit enfin Denise en se relevant.
Elle se sentait à bout de force. Deux fois, elle s’était enfoncé les épingles dans les mains, comme aveuglée, les yeux troubles. Était-il du complot, l’avait-il fait venir, pour se venger de ses refus, en lui montrant que d’autres femmes l’aimaient ? Et cette pensée la glaçait, elle ne se souvenait pas d’avoir jamais eu besoin d’autant de courage même aux heures terribles de son existence où le pain lui avait manqué. Ce n’était rien encore d’être humiliée ainsi, mais le voir presque aux bras d’une autre, comme si elle n’eût pas été là !
Henriette s’examinait devant la glace. De nouveau, elle éclata en paroles dures. »
 
 

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