Au Bonheur des Dames
Manuscrit, premier volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10275, fol. 360
© Bibliothèque nationale de France
« Et la victoire lui resta, le vieillard désespéré répéta que l’art était fichu, qu’il en était réduit à tailler ses manches pour le plaisir, sans espoir de les vendre.
— C’est de ma faute ! cria-t-il à Denise. Est-ce que j’aurais dû tenir des saletés à un franc quatre-vingt quinze ?... Voilà où les idées nouvelles peuvent conduire. J’ai voulu suivre l’exemple de ces brigands, tant mieux si j’en crève!
Juillet fut très chaud. Denise souffrait dans son étroite chambre, sous les ardoises. Aussi, lorsqu’elle sortait de son magasin, prenait-elle Pépé chez Bourras ; et, au lieu de monter tout de suite, elle allait respirer un peu au jardin des Tuileries, jusqu’à la fermeture des grilles. Un soir, comme elle se dirigeait vers les marronniers, elle resta saisie : à quelques pas, marchant droit à elle, il lui semblait reconnaître Hutin. Puis, son cœur battit violemment. C’était Mouret, qui avait dîné sur la rive gauche et qui se hâtait de se rendre à pied chez madame Desforges. Au brusque mouvement que fit la jeune fille pour lui échapper, il la regarda. La nuit tombait, il la reconnut pourtant.
— C’est vous, mademoiselle. »
 
 

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