Au Bonheur des Dames
Manuscrit, premier volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10275, fol. 111
© Bibliothèque nationale de France
« — Tiens, Octave !
Mouret et Vallagnosc se serraient les mains. A son tour, madame Desforges témoignait sa surprise. Ils se connaissaient donc ? Certes, ils avaient grandi côte à côte, au collège de Plassans ; et le hasard était qu’ils ne se fussent pas encore rencontrés chez elle.
Cependant, les mains toujours liées, ils passèrent en plaisantant dans le petit salon, au moment où le domestique apportait le thé, un service de Chine sur un plateau d’argent, qu’il posa près de madame Desforges, au milieu du guéridon de marbre, à légère galerie de cuivre. Ces dames se rapprochaient, causaient plus haut, toutes aux paroles sans fin qui se croisaient ; pendant que M. de Boves, debout derrière elles, se penchait par instants, disait un mot avec sa galanterie de beau fonctionnaire. La vaste pièce, si tendre et si gaie d’ameublement, s’égayait encore de ces voix bavardes, coupées de rires.
— Ah ! ce vieux Paul ! répétait Mouret.
Il s’était assis près de Vallagnosc sur un canapé. Seuls au fond du petit salon, un boudoir très coquet tendu de soie bouton d’or, loin des oreilles et ne voyant plus eux-mêmes ces dames que par la porte grande ouverte, ils ricanèrent, les yeux dans les yeux, en s’allongeant des tapes sur les genoux. »
 
 

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