Au Bonheur des Dames
Manuscrit, premier volume
Émile Zola (1840-1902), auteur, 1881.
BnF, département des Manuscrits, NAF 10275, fol. 103
© Bibliothèque nationale de France
Chapitre III

« Chaque samedi, de quatre à six, madame Desforges offrait une tasse de thé et des gâteaux aux personnes de son intimité qui voulaient bien la venir voir. L’appartement se trouvait au troisième, à l’encoignure des rues de Rivoli et d’Alger ; et les fenêtres des deux salons ouvraient sur le jardin des Tuileries.
Justement, ce samedi-là, comme un domestique allait l’introduire dans le grand salon, Mouret aperçut de l’antichambre, par une porte restée ouverte, madame Desforges qui traversait le salon. Elle s’était arrêtée en le voyant, et il entra par là, il la salua d’un air de cérémonie. Puis, quand le domestique eut refermé la porte, il saisit vivement la main de la jeune femme, qu’il baisa avec tendresse.
— Prends garde, il y a du monde ! dit-elle tout bas, en désignant d’un signe la porte du grand salon. Je suis allée chercher cet éventail pour le leur montrer.
Et, du bout de l’éventail, elle lui donna gaiement un léger coup au visage. Elle était brune, un peu forte, avec de grands yeux jaloux. Mais il avait gardé sa main, il demanda :
— Viendra-t-il? »
 
 

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