Deloche était devenu blême, il avait compris
Œuvres complètes illustrées d'Émile Zola. T. XI Au Bonheur des dames. Édition "ne variatur"
Émile Zola (1840-1902), auteur, Paris, E. Fasquelle, 1906.
BnF, département Littérature et Art, 4-Y2-3550 p. 313
© Bibliothèque nationale de France
« Dix heures sonnèrent, le vacarme de l’inventaire montait, dans le branle-bas des rayons. Et, sous les cris jetés sans relâche, qui se croisaient de toutes parts, la même nouvelle circulait avec une rapidité surprenante : chaque vendeur savait déjà que Mouret avait écrit le matin, pour inviter Denise à dîner. L’indiscrétion venait de Pauline. En redescendant, secouée encore, elle avait rencontré Deloche aux dentelles ; et, sans remarquer que Liénard parlait au jeune homme, elle s’était soulagée.
— C’est fait, mon cher... Elle vient de recevoir la lettre. Il l’invite pour ce soir.
Deloche était devenu blême. Il avait compris, car il questionnait souvent Pauline, tous deux causaient chaque jour de leur amie commune, du coup de tendresse de Mouret, de l’invitation fameuse qui finirait par dénouer l’aventure. Du reste, elle le grondait d’aimer secrètement Denise, dont il n’aurait jamais rien, et elle haussait les épaules, quand il approuvait la jeune fille de résister au patron.
— Son pied va mieux, elle descend, continua-t-elle. Ne prenez donc pas cette figure d’enterrement... C’est une chance pour elle, ce qui arrive. »
 
 

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