J'ai soupé avec Héloïse, la petite des Folies, bête comme une oie, mais drôle
Œuvres complètes illustrées d'Émile Zola. T. XI Au Bonheur des dames. Édition "ne variatur"
Émile Zola (1840-1902), auteur, Paris, E. Fasquelle, 1906.
BnF, département Littérature et Art, 4-Y2-3550 p. 17
© Bibliothèque nationale de France
« C’était toujours leur dispute amicale. Bourdoncle, au début, avait battu ses maîtresses, parce que, disait-il, elles l’empêchaient de dormir. Maintenant, il faisait profession de haïr les femmes, ayant sans doute au dehors des rencontres dont il ne parlait pas, tant elles tenaient peu de place dans sa vie, et se contentant au magasin d’exploiter les clientes, avec un grand mépris pour leur frivolité à se ruiner en chiffons imbéciles. Mouret, au contraire, affectait des extases, restait devant les femmes ravi et câlin, emporté continuellement dans de nouvelles amours ; et ses coups de cœur étaient comme une réclame à sa vente, on eût dit qu’il enveloppait tout le sexe de la même caresse, pour mieux l’étourdir et le garder à sa merci.
— J’ai vu madame Desforges, cette nuit, reprit-il. Elle était délicieuse à ce bal.
— Ce n’est pas avec elle que vous avez soupé ensuite ? demanda l’associé.
Mouret se récria.
— Oh ! par exemple ! elle est très honnête, mon cher... Non, j’ai soupé avec Héloïse, la petite des Folies . Bête comme une oie, mais si drôle! »
 
 

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