Le Jardin des trois Grâces dont Nature détient la clé
Dans Le livre des échecs amoureux moralisés
Évrard de Conty (1330?-1405), auteur ; Robinet Testard, enlumineur, vers 1496-1498.
Parchemin (51 x 34 cm)
BnF, Manuscrits, Fr. 143 f. 198v
© Bibliothèque nationale de France
Le paradis étant perdu, le jardin reste à conquérir. Dans les enluminures médiévales, Charité ou Obéissance introduisent parfois l’âme au Paradis. Dans des versions plus profanes comme celle du Roman de la Rose, Oiseuse (l’Oisiveté) accueille l’amant à la porte du jardin de Déduit (le Plaisir). Vers 1400, Évrard de Conty commente un poème très inspiré du Roman de la Rose dans son Livre des échecs amoureux. L’auteur rencontre, au cœur de la forêt, Diane, déesse de la virginité qui tente de le dissuader de se rendre au jardin de Déduit qui l’incite à se livrer au plaisir charnel en compagnie d’Amour et d’Oiseuse. Dans l’œuvre d’Évrard, le jardin est à la fois le verger où pousse la rose, mais aussi une représentation plus générale de la Nature qui accueille les trois Grâces, Pallas, Junon et Vénus, incarnant chacune une conception de la vie correspondant à un jardin spécifique.
Le jardin de Pallas, dont Religion garde la porte, est consacré à la vie contemplative ; le jardin de Junon, dont Richesse garde la porte est destiné à la vie active ; le verger de Vénus et de Déduit dont Oiseuse tient la porte est consacré au plaisir.
La peinture de Robinet Testard représente le jardin du monde gardé par Nature. Derrière un épais mur les trois Grâces se tiennent chacune à leur porte : Junon s’élance vers le jardin, tandis que Pallas contemple la nature et nourrit un oiseau. Vénus, nue face au miroir, contemple sa beauté. La juxtaposition de deux scènes est fréquente dans l’enluminure médiévale : au loin, l’auteur devise avec Diane avant de se présenter au premier plan face à Nature. Déduit, paré de toutes les plumes de la séduction, tente de le convaincre de choisir le jardin des plaisirs.
 
 

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