Les fleuves du paradis
Dans Voyages (Livre des merveilles)
Jean de Mandeville, auteur ; Maître de Boucicaut, enlumineur, Paris, vers 1410-1412.
Parchemin
BnF, Manuscrits, Fr. 2810 f. 222
© Bibliothèque nationale de France
Les jardins médiévaux chrétiens s’inspirent des jardins d’Orient. Au VIIe siècle, le prophète Mahomet et ses disciples définissent le plan du cosmos qui engendre l’image du paradis. Le monde apparaît comme un cercle divisé en quatre quartiers. Au centre un bassin et une source de vie ; cette figure de l’oasis cosmique inspira le jardin islamique.
Ce dernier apparaît dans des relations de voyages comme ceux du chevalier anglais Jean de Mandeville qui se seraient déroulés en Orient entre 1322 et 1343.
Dans cette enluminure, le jardin est délimité par un mur hexagonal et toute l’importance a été donnée à la fontaine d’où jaillissent les quatre fleuves du paradis. Franchissant les portes du jardin en direction des points cardinaux, les ruisseaux se transforment en larges fleuves sur lesquels glissent les bateaux.
La première description du jardin islamique parvint en Europe grâce à Marco Polo qui décrit le jardin du chef de la secte des Assassins d’Alamut : "Il fit construire, dans une vallée entre deux montagnes, le plus beau et le plus grand des jardins qui fût, garni des fruits les plus savoureux du monde… il y avait quatre conduits, de l'un coulait du vin, d'un autre du lait, le troisième donnait du miel et le dernier de l'eau."

L’occident chrétien s’approprie cette image décrite par le cardinal Pierre d’Ailly dans son Imago Mundi : "Il est une fontaine dans le paradis terrestre qui arrose le jardin des délices, d’où s’écoule quatre fleuves. Elle est si élevée qu’elle touche le globe de la lune et que les eaux du déluge ne sont pas parvenues à sa hauteur… Les eaux qui descendent de cette montagne escarpée forment un grand lac. On dit que le fracas de ces eaux fait un tel bruit que ceux qui demeurent dans cette région naissent sourds… Ainsi l’ont attesté les moines Basile et Amboise. De cette source principale, nous croyons que les quatre fleuves du paradis se déversent : le Pishon qui est le Gange, le Gibon qui n’est autre que le Nil, puis le Tigre et enfin l’Euphrate, même si leurs sources paraissent avoir été découvertes dans des endroits différents."
 
 

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